Campagne 2023 : IVG = PRÉJUGÉS !

Introduction

De nos jours, l’avortement est un acte encore entouré de nombreux préjugés. « Finalement, l’avortement, c’est pas un peu fait pour les personnes irresponsables ? Et puis, est-ce que c’est vraiment sans risque ? De toute façon, ça reste un meurtre et les gens qui avortent finissent toujours par le regretter, non ? » Eh non ! La réalité est bien loin du préjugé ! Malheureusement, ces idées reçues ont des impacts significatifs, notamment sur les législations qui régissent l’IVG. De plus, cette désinformation peut décourager, voire effrayer, les personnes qui souhaiteraient y avoir recours …

Pourquoi est-ce important de mener une telle campagne ? Parce que déconstruire ces idées reçues et fournir des informations  fiables, dans le but d’améliorer les connaissances du grand public sur l’IVG sont des enjeux sociétaux et féministes importants pour tendre vers plus d’égalité entre les genres. Cela contribue à soutenir les personnes ayant un utérus dans l’appropriation de leur corps et de leur santé physique, sexuelle, reproductive et mentale.

Une partie des idées reçues sur l’avortement est encore basée sur des croyances du temps où l’IVG était encore illégale et donc dangereuse. Elles sont aussi fortement entretenues par les mouvements anti-choix[1] qui continuent d’exister et ont même tendance à se répandre, comme le prouve encore la marche « pour la vie » qui a eu lieu à Bruxelles le 2 avril dernier[2].

Les lois sur l’avortement, ainsi que le processus d’adoption de celles-ci, participent aussi aux préjugés sur l’IVG. Le fait que l’avortement soit encore régit par un cadre pénal, participe à la mauvaise représentation qu’en a le grand public, les praticien·ne·s, ou encore les  personnes qui y ont recours. Il est donc important de déstigmatiser l’avortement en ayant un discours positif et non jugeant sur la thématique[3]

Pour en savoir plus sur la campagne « IVG = PRÉJUGÉS », consultez notre dossier de presse.

Découvrez aussi la vidéo « Le vrai du faux sur l’avortement ».

[1] Mouvement luttant activement contre le droit à l’avortement. Aussi appelé mouvement pro-vie.

[2] ANCIAUX Sylvain, « Qui se cache derrière « la marche pour la vie » qui a réuni 600 manifestants ce dimanche à Bruxelles ? », DH net, 04 avril 2023, https://www.dhnet.be/regions/bruxelles/2023/04/04/qui-se-cache-derriere-la-marche-pour-la-vie-qui-a-reuni-600-manifestants-ce-dimanche-a-bruxelles-ATUF72E2IVADHPR72RUSE2UAAU/

[3] KUMAR, Anuradha et al., « Conceptualising abortion stigma », Culture, Health and sexuality, Vol 11, n°6, 2009, pp. 625-639.

Pour en savoir plus

Eloïse MALCOURANT
Eloïse MALCOURANTChargée de communication et responsable éducation permanente

La campagne

Utilisez les boutons +/- pour développer/réduire une section. Cette disposition a été choisie pour vous faciliter la lecture du dossier.

Aujourd’hui encore, l’accès à l’avortement dans le monde n’est pas garanti à toutes et tous – comme on a pu le voir avec le renversement de l’arrêté Roe vs. Wade aux Etats-Unis en juin 2022. Depuis ce renversement, 25 Etats ont rendu l’accès à l’avortement très limité, voire l’ont totalement interdit ou ont tenté de le faire [1]. Sur le continent Européen, de nouvelles lois restreignant l’accès à l’IVG ont été récemment adoptées. Parmi celles-ci on retrouve, en Hongrie par exemple, l’obligation d’écouter les battements de cœur du fœtus pour toutes personnes souhaitant avoir recours à l’avortement [2]. L’IVG est un droit qui ne sera probablement jamais totalement acquis, c’est pour cela qu’il est primordial de rendre le sujet visible à tou·te·s les citoyen·ne·s. Notons aussi qu’interdire l’avortement n’en diminuera jamais le nombre, mais le rendra clandestin et risqué pour la santé et la vie des  personnes y ayant recours .

Au début des années 1970, la question de la légalisation de l’IVG se retrouve dans le débat public, à la suite du Manifeste des 343, le procès de Bobigny en France, et à l’affaire Willy Peers en Belgique. Le 17 janvier 1975, l’avortement est dépénalisé jusqu’à 10 semaine de conception en France avec la loi Veil [3]. En Belgique, il faudra attendre 15 ans de plus et une incapacité de régner du roi durant 48h, pour enfin voir émerger la loi Lallemand-Michielsens, le 3 avril 1990. La loi belge de 1990 dépénalise partiellement l’avortement, autrement dit il est passible de sanctions pénales (amendes et emprisonnement) si les conditions strictes de la loi dans lesquelles il doit être pratiqué ne sont pas respectées [4].

Les mouvements féministes et les Centres de Planning familial ont été des acteurs importants dans la lutte pour cette dépénalisation partielle. Encore aujourd’hui, l’avortement n’est pas un droit en Belgique, il est juste dépénalisé et doit être pratiqué dans un certain cadre : l’IVG doit être réalisée avant la fin de la 12ème semaine de conception et un délai de six jours de réflexion doit être respecté entre la première consultation prévue et le jour de l’IVG. Si le cadre reprenant une série de conditions n’est pas respecté, la·le médecin et la personne ayant eu recours à l’IVG sont susceptibles d’être puni·e·s d’un emprisonnement et d’une amende. En Belgique en 2022, les personnes ayant un appareil reproductif femelle, n’ont pas droit entier de décision sur leur corps ni sur les fonctions reproductives de celui-ci. Parler d’avortement est donc un sujet sociétal et féministe primordial.

[1] https://www.nytimes.com/interactive/2022/us/abortion-laws-roe-v-wade.html

[2] M.G., « La Hongrie durcit sa loi sur l’avortement, les eurodéputés dénoncent une « autocratie électorale » », TF1, 16 septembre 2022, https://www.tf1info.fr/international/la-hongrie-de-viktor-orban-durcit-sa-loi-sur-l-avortement-et-oblige-a-ecouter-le-coeur-du-foetus-les-eurodeputes-du-parlement-europeen-denoncent-un-regime-hybride-d-autocratie-electorale-2232487.html (Consulté le 11 avril 2023).

[3] JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, Loi n°75-17 du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse, 18 janvier 1975, https://www2.assemblee-nationale.fr/static/evenements/anniversaire-loi-veil/loi%2075-17.pdf (Consulté le 11 avril 2023).

[4] MONITEUR BELGE, Loi relative à l’interruption de grossesse, modifiant les articles 348, 350, 351 et 352 du Code pénal et abrogeant l’article 353 du même Code, 3 avril 1990, https://www.health.belgium.be/sites/default/files/uploads/fields/fpshealth_theme_file/loi_03_04_1990_interruption_grossesse.pdf.

Rappelons  qu’il faut un spermatozoïde et un ovocyte pour créer un embryon. De facto, cette thématique concerne bien l’ensemble de la population, et pas uniquement les personnes ayant un utérus. En effet, selon un sondage s’adressant au grand public réalisé par Sofélia dans le cadre de cette campagne [1], 65,6% des répondant·e·s affirment avoir déjà été confronté·e·s à une IVG, que ce soit personnellement ou dans leur entourage.

Par ailleurs, l’avortement est toujours stigmatisé socialement, ce qui représente un frein important à son accessibilité [2]. Le sujet demeure tabou, ce qui participe à sa méconnaissance et à la cristallisation des peurs et angoisses l’entourant. Réaliser une campagne de sensibilisation sur l’IVG participera à dédramatiser le sujet, sans pour autant le banaliser.

L’avortement est un sujet complexe car il touche à la maternité, aux représentations de la féminité et à la place des femmes dans la société. Le fait de pouvoir choisir ou non de devenir mère remet en cause toute une structure sociale. Une étude réalisée sur le sujet avance que l’avortement remet en question 3 éléments fondamentaux de la féminité : le fait que la sexualité des femmes est censée être uniquement vouée à la procréation ; l’inévitable destinée d’être mère ; et l’instinct maternel – à savoir le désir et la volonté de s’occuper des plus faibles [3]. Déconstruire les idées reçues autour de l’avortement est donc aussi une question de déconstruction des stéréotypes de genre.

[1] Sondage réalisé sur les réseaux sociaux de Sofélia (Facebook et Instagram) du 1er au 31 mars 2023 ayant récolté 256 réponses.

[2] KUMAR Anuradha et al., « Conceptualising abortion stigma », Op. Cit

[3] Ibid.

Le projet « IVG = PRÉJUGÉS » souhaite contribuer à déconstruire les idées reçues autour de l’avortement. Il s’adresse tant au grand public qu’aux milieux associatifs et culturels en passant par les professionnel·le·s du secteur psycho-médico-social.

La campagne « IVG = Préjugés » poursuit plusieurs objectifs, dont le fait d’·de :

  • Améliorer les connaissances du grand public sur l’avortement, ses enjeux et les idées reçues qui y sont liées ;
  • Pallier le manque d’accès à des informations et des supports de qualité, clairs, fiables et pratiques en Belgique francophone, en lien avec la déconstruction des idées reçues entourant l’avortement ;
  • Déstigmatiser et dédramatiser l’avortement ;
  • Libérer la parole sur l’avortement.

Dans le cadre de sa campagne « IVG = PRÉJUGÉS  », Sofélia – la Fédé militante des Centres de Planning familial solidaires va produire et diffuser plusieurs supports informatifs et pédagogiques, de juillet à octobre  2023.

Diffusées cet été sur les réseaux sociaux et le site web de Sofélia, ces fiches informatives déconstruisent avec pédagogie les idées reçues les plus courantes quand on parle d’interruption volontaire de grossesse. Elles sont destinées tant au grand public, qu’au secteur psycho-médico-social

Pour les identifier, notre structure a lancé, en mars 2023, un sondage en ligne auprès du grand public et des travailleuses-eurs des Centres de Planning familial. Après analyses des réponses, nous avons retenu les 5 idées reçues suivantes :

Durant l’été 2023, Sofélia lancera une campagne d’affichage dans l’espace public en Région Wallonne et en Région Bruxelloise. L’objectif de cette campagne sera de toucher un large public issu de milieux sociaux, économiques et culturels variés n’ayant pas accès à Internet et aux moyens de communication actuels. Elle aura pour but la déconstruction des idées reçues qui reviennent le plus souvent quand on parle d’avortement.

Les 3 affiches aborderont les thématiques suivantes :

La campagne en Région Wallonne aura lieu du 14 au 31 août dans l’espace public.

La campagne en Région Bruxelloise aura lieu du 12 septembre au 9 octobre dans le réseau des transports en commun STIB.

Des actions de terrain portant sur la déconstruction des idées reçues sur l’avortement seront organisées par l’équipe de Sofélia en collaboration avec plusieurs partenaires dont certains des Centres de Planning familial affiliés  dans différentes villes wallonnes et bruxelloises. Il y aura notamment un ciné-débat.

Les dates et les lieux de ces soirées d’échanges seront communiqués prochainement sur les réseaux sociaux et le site internet de Sofélia: FacebookInstagramSite web

Approfondir la lecture

Y aller

Pour davantage d’informations consultez notre dossier thématique « evras ».

Y aller

Pour en savoir plus

Eloïse MALCOURANT
Eloïse MALCOURANTChargée de communication et responsable éducation permanente

Les articles

Aller en haut