Les règles occupent une partie non négligeable de la vie des personnes menstruées. Elles auront, en moyenne, entre 250 et 450 cycles au cours de leur vie reproductives, ce qui fait au total un peu plus de 6 ans passés en période de menstruations [1]. Or, les tabous entourant les règles sont encore nombreux et peuvent parfois amener les personnes menstruées à taire leurs questions et leurs préoccupations, voire à se tourner vers des solutions de fortune dangereuses pour la santé. La journée mondiale pour l’hygiène menstruelle est l’occasion, chaque année, de briser un peu plus ces tabous et de sensibiliser les personnes menstruées à l’importance de l’hygiène menstruelle. De bonnes pratiques qui ne sont pas toujours possibles quand on est touché par la précarité menstruelle…

La précarité menstruelle, c’est quoi déjà ?

Si l’on prend la première définition disponible sur internet, la précarité menstruelle est définie comme la difficulté ou le manque d’accès aux protections hygiéniques. C’est une définition un peu sommaire qui ne recouvre pas l’entièreté du phénomène.

Si nous devions donner une définition exacte, il faudrait mentionner trois réalités coexistantes :

  • Le manque d’accès à des produits menstruels faute de moyens financiers :

Même si, en 2018, l’Etat Belge supprimait enfin la « taxe tampon » (qui considérait les produits menstruels comme des articles de luxe) faisant passer la TVA sur ces produits de 21% à 6%, ils restent encore difficilement abordables pour de nombreuses personnes en situation de précarité. Il arrive aussi que des jeunes, n’ayant pas de problèmes financiers apparents, se retrouvent en situation de précarité menstruelle, car ils·elles n’osent pas demander à leur responsable financier d’en acheter et/ou de l’argent pour le faire [2].

  • Le manque d’accès à des lieux où se changer en toute sécurité :

Qu’ils s’agissent des lieux publics, d’environnements de travail ou d’établissements scolaires, on dénote souvent l’inexistence de toilettes salubres, entretenues, équipées de fermeture fonctionnelles, d’un accès à l’eau et fournies en papier et en savon. Dans les lieux publics, il faudra se tourner vers des toilettes privées, payantes et qui sont souvent, dans le cas des cafés et des restaurants,  uniquement accessibles si l’on y consomme.

  • Le manque d’accès à l’information sur la santé et la sécurité menstruelle qui peuvent amener à se mettre en danger :

Les tabous liés aux règles ou la honte de ne pas avoir les moyens de s’acheter des produits menstruels, peuvent parfois obliger les personnes menstruées à se tourner vers des solutions de fortune, comme la confection de serviettes avec du papier toilettes ou de tampons avec des morceaux de tissu. En plus d’être peu efficaces et confortables, ces méthodes peuvent être dangereuses et amener à des complications, mettant la santé des personnes menstruées en péril.

Et la sécurité menstruelle alors ?

La sécurité menstruelle, c’est tout simplement l’inverse. C’est trouver un produit menstruel et un lieu adapté pour se changer au besoin, et ce, que l’on soit en situation de précarité menstruelle ou non [3]. C’est un concept vers lequel nous devons tendre pour garantir à toutes les personnes menstruées une meilleure hygiène menstruelle, mais pas seulement. De nombreuses personnes ne vont pas à l’école ou au travail à cause de leurs règles. Parfois parce qu’elles n’ont pas les moyens d’assurer leur sécurité menstruelle, parfois parce que les règles sont trop douloureuses. Aujourd’hui encore, l’endométriose (maladie gynécologique provoquant, entre autres, de grandes douleurs pendant les règles) est minimisée et peu reconnue par le corps médical. Quand les personnes touchées sont enfin diagnostiquées, parfois après des années d’errance médicale, le traitement proposé n’est souvent pas adapté à la réalité des personne qui en souffrent [4].

Ces différentes problématiques font de la sécurité menstruelle un enjeu important dans la lutte pour l’égalité entre les genres.

Des actions en Fédération Wallonie-Bruxelles ? 

À l’heure actuelle, certaines initiatives font surface pour proposer des animations en milieu scolaire à propos des menstruations. On y aborde les tabous entourant les règles, les concepts de précarité et de sécurité menstruelle, mais aussi des questions de santé, comme des activités de sensibilisation autour de l’endométriose. Ces  animations sont proposées, entre autres, par  l’asbl Toi mon endo en Wallonie ou l’asbl BruZelle dans la capitale. Côté politique, le projet pilote « Sang Stress » de Wallonie-Bruxelles Enseignement, propose, dans certains établissements, un accès gratuit à des produits menstruels et un accompagnement pour tou·te·s les élèves qui le désirent. Un petit pas vers plus de sécurité menstruelle pour les jeunes, qui tend à se généraliser pour la rentrée 2024 [5].

L’année dernière, Sofélia ajoutait également sa pierre à l’édifice en dédiant sa campagne 2022 à ce sujet de grande importance. Dans un soucis de sensibilisation du grand public à ces thématiques, nous avons publié un livret pédagogique intitulé « Sang rougir ! ». Au cours des 5 planches de BD qui le composent, nous déconstruisons les tabous qui entourent les règles. Ce livret est toujours disponible en format pdf via le lien suivant : Livret pédagogique « Sang rougir! » – Déconstruisons les tabous autour des règles – Sofelia


[1] THIEBAUT Elise, Ceci est mon sang : petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, Paris, Ed. La Découverte, 2017,pp.5

[2] Grand dossier : briser les tabous autour des règles à l’école. (2023). Le Ligueur, 17–23.

[3] Grand dossier : briser les tabous autour des règles à l’école. (2023). Le Ligueur, 17–23.

[4] L’endométriose : ce calvaire au quotidien – Sofelia

[5] Grand dossier : briser les tabous autour des règles à l’école. (2023). Le Ligueur, 17–23.

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Pour davantage d’informations sur les publics LGBTQIA+, consultez notre dossier thématique.

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