Violences sexuelles : les connaître pour mieux les appréhender et les combattre
On considère trop souvent que violences sexuelles = viols. Mais ces violences peuvent prendre de nombreuses formes, allant du harcèlement verbal à la pénétration forcée, pouvant mêler pression sociale, intimidation et force physique. Leurs conséquences sur la santé sont multiples, tant au niveau physique que psychologique, immédiates ou sur le long terme, allant des crises d’angoisse aux maladies sexuellement transmissibles, des tentatives de suicide aux grossesses non désirées, et bien d’autres effets négatifs.
Ce site a pour objectif d’offrir à la fois des informations générales sur les différents types de violences sexuelles, mais aussi des informations pratiques. Vous trouverez les contacts de différents services d’aide et d’associations qui existent en Belgique pour soutenir les victimes de violences sexuelles ainsi que pour accompagner les auteurs.
Les violences sexuelles, c’est quoi ?
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit les violences sexuelles comme « tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avance de nature sexuelle, ou acte visant à un trafic ou autrement dirigé contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et le travail ». Par coercition, il faut entendre le recours à la force physique (à divers degrés), l’intimidation psychologique, le chantage et les menaces.
En d’autres termes, tout acte lié à la sexualité et réalisé sans le consentement d’une personne est considéré comme une violence sexuelle. C’est également le cas quand la personne agressée n’est pas capable de refuser ou de montrer son désaccord (parce qu’elle est ivre, droguée, endormie ou encore en incapacité mentale de le faire).
Les violences sexuelles n’impliquent pas obligatoirement un contact physique : elles peuvent aussi être verbales (comme le harcèlement sexuel) ou prendre d’autres formes, par exemple l’obligation de poser nu·e ou l’exhibition des parties génitales.
Qui est concerné·e ?
Les violences sexuelles sont un phénomène qui concerne tout le monde. Chacun et chacune peut y être confronté·e à un moment ou à un autre de sa vie, que ce soit de manière directe, en étant victime ou auteur, ou de manière indirecte, en étant témoin ou en connaissant quelqu’un qui en est touché directement.
La majorité des victimes de violences sexuelles sont des femmes ou personnes s’identifiant comme telles mais les hommes peuvent aussi y être confrontés. Les violences sexuelles à l’encontre des hommes cisgenres sont un sujet très sensible et tabou. Souvent, ils n’osent pas en parler, car ils considèrent parfois que ces agressions affectent leur virilité.
En général, les femmes et personnes s’identifiant comme telles sont plus touchées par les violences de tous types (conjugales ou sexuelles) et plusieurs études ont essayé de comprendre pourquoi. Certains clichés qui persistent sont une explication de ce déséquilibre :
- Les rapports sexuels entre partenaires (marié·e·s ou non) seraient un droit pour l’homme et un devoir pour la femme ;
- L’activité sexuelle, y compris le viol, est un signe de masculinité et de virilité ;
- Ce sont les filles qui provoquent les désirs sexuels des hommes.
Mais tout cela est faux !
En cas de viol par exemple, on entendra souvent des phrases comme « Oui, mais tu l’as un peu cherché quand même, tu étais aguicheuse, tu l’as chauffé, il fallait t’y attendre ». Du coup, une victime de violence sexuelle se sent souvent coupable alors qu’elle ne le devrait pas ! Elle se demande si elle l’a mérité, si elle a fait quelque chose pour provoquer cela, si elle aurait pu l’éviter, etc. C’est un phénomène courant qui arrive à toutes les victimes. L’important est d’en parler, avec des professionnel·le·s, et avec une/des personne·s de confiance de son entourage (ami·e·s, famille, etc.).
Où trouver de l’aide ?
Pour savoir vers qui vous tourner si vous rencontrez des difficultés de ce type, cliquez ici.
Quelques idées reçues sur les violences sexuelles…
Il est important de savoir que de nombreuses idées reçues persistent dans nos sociétés au sujet des violences sexuelles. Voici les principales :
La majorité des viols ou agressions sexuelles sont commis par un inconnu, durant la nuit, dans un lieu public et sous la menace d’une arme.
Faux ! Dans plus de 75% des cas, l’agresseur est un proche de la victime. Dans la majorité des cas, les violences sexuelles infligées à des mineur·e·s sont commises par des proches (famille, école, activités parascolaires, institutions de soins, etc.) et, pour les adultes, ont lieu au travail ou dans leur couple.
Les viols et agressions sexuelles sont dus à des pulsions sexuelles que l’agresseur ne peut pas maîtriser.
Faux ! Ce sont des stéréotypes sexistes qui véhiculent l’idée que la sexualité masculine est nécessairement violente et que les hommes ont des besoins incontrôlables qu’ils ont le droit d’exercer sur la femme.
La victime doit apprendre à tourner la page, prendre sur elle et oublier ce qu’elle a subi.
Faux ! Bien souvent, lors d’une agression sexuelle, la victime se trouve en état de choc, ce qui paralyse tout activité de son cerveau. Elle se trouve alors dans l’incapacité de réagir de façon réfléchie, reste pétrifiée ou agit de façon automatique. Cet état provoque une surproduction d’hormones de stress (adrénaline et cortisol), ce qui comporte des risques pour la victime (au niveau cardiologique et/ou neurologique). Pour éviter cela, le cerveau provoque une « disjonction », qu’on nomme dissociation traumatique. La victime se sent « déconnectée » et assiste de façon passive à l’événement, comme s’il n’était pas réel. C’est parce qu’elles subissent des dissociations traumatiques que certaines victimes ont l’air très calmes et détachées, comme si rien ne s’était passé. Cela peut être déstabilisant pour les personnes qui les entourent (témoins, personnes à qui elles se seraient confiées, ou services de police si elles déposent plainte), et cela rend très difficile la détection de ces situations.
Si la victime parle de ce qui lui est arrivé, sa situation empirera.
Faux ! Pour réussir à surmonter un tel traumatisme, il est important d’en parler, que ce soit à un·e proche (ami·e, membre de la famille) ou à une oreille externe (service d’aide et/ou d’accompagnement, groupes de parole, psychologue, médecin et bien d’autres). Bien sûr, il n’est pas facile de s’ouvrir et d’exprimer cela, car en parler rend ces événements concrets. Cette démarche est encore plus difficile quand l’auteur est un proche, car la victime culpabilise d’autant plus, en se disant que, si elle dépose plainte, ce sera sa faute si cette personne risque d’aller en prison. Si un auteur risque la prison, ce n’est pas parce que la victime le dénonce, mais bien parce qu’il a commis un·des acte·s puni·s par la loi.
Quels sont les facteurs de risques pour les victimes ?
Une victime de violence sexuelle se demandera souvent « Pourquoi ça m’est arrivé à moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour que ça m’arrive ? ». Même si la violence sexuelle peut concerner tout le monde, les femmes et personnes s’identifiant comme telles y sont plus vulnérables que les hommes. Et certains facteurs augmentent encore cette vulnérabilité.
Attention : ce n’est pas parce que vous correspondez à l’un·plusieurs des facteurs qui suivent, que vous êtes/serez victimes ! Mais il est important de savoir que certains critères augmentent les risques.
L’âge
Certaines formes de violences sexuelles sont liées à un jeune âge, comme la violence qui se produit dans les écoles ou sur les seniors. C’est aussi le cas pour l’exploitation sexuelle, résultant ou non de la traite des êtres humains.
La consommation d’alcool et de drogue
Quand on a bu et/ou qu’on a consommé de la drogue, il est plus difficile d’interpréter les signes de danger, et donc de pouvoir agir en conséquence pour se protéger.
Le fait d’avoir déjà été violé·e ou victime de violences sexuelles
Certaines études ont révélé que des personnes qui ont été victimes de violences sexuelles pendant leur enfance ou adolescence, ont plus de risque d’y être à nouveau confrontées à l’âge adulte. C’est ce qu’on appelle le « schéma de victimisation ». Après avoir subi des violences sexuelles, il est courant de perdre confiance en soi, de perdre certains de ses repères. Du coup, ces personnes se retrouvent souvent plus dépendantes des autres, et il n’est donc pas rare que plus tard, quelqu’un de mal intentionné profite de cette situation de vulnérabilité.
Le niveau d’instruction
Beaucoup d’études ont démontré qu’un faible niveau d’instruction augmente les risques de subir des violences sexuelles.
La pauvreté
La pauvreté est un facteur de vulnérabilité en général. Les personnes qui y sont confrontées risquent donc plus d’être victimes de violences sexuelles. De plus, ce qui les rend particulièrement vulnérables, c’est qu’elles sont parfois contraintes d’exercer des métiers où le risque de violences sexuelles est assez élevé, comme la prostitution par exemple.
Le manque d’autonomie financière
Outre la pauvreté, le fait qu’une personne dépende financièrement d’une autre peut être un facteur à risque. Par exemple, si dans un couple, l’un·e des deux gère intégralement l’accès aux comptes bancaires, elle·il peut utiliser cela comme moyen de pression pour imposer des actes sexuels.
En résumé, voici un tableau récapitulatif des facteurs de risque associés à la violence sexuelle. On y constate que dans de nombreux cas, les facteurs d’influence sont identiques dans les deux colonnes, mais qu’ils n’impliquent pas les mêmes conséquences selon qu’on soit un homme ou une femme.
Quels sont les facteurs de risques pour les auteurs ?
Pourquoi une personne commet-elle des violences sexuelles ? Bien que chacun soit différent, il existe des facteurs individuels et/ou collectifs qui augmentent le risque de devenir auteur de violences sexuelles.
Attention : ce n’est pas parce que vous correspondez à l’un·plusieurs des facteurs qui suivent, que vous commettrez un jour des violences sexuelles ! Mais il est important de savoir que certains critères augmentent les risques.
La consommation d’alcool et de drogue
L’alcool et les drogues obscurcissent le jugement. Du coup, une personne qui en consomme n’est plus toujours consciente de ce qui l’entoure. Même en étant sobre, certains peuvent par exemple avoir plus de mal à comprendre le refus de ses avances et penser que même si une personne lui dit non, au fond d’elle, elle en a envie, et qu’ils ne font donc rien de grave en la forçant un peu. L’alcool et/ou la drogue peuvent renforcer ce genre de comportement. En plus, le fait d’avoir bu et/ou d’être drogué fait qu’on est désinhibé : on ose faire plus de choses, on a moins peur du regard des autres, et parfois le comportement dérape.
Divers facteurs psychologiques
Souvent, les auteurs de violences sexuelles considèrent que les victimes sont responsables du viol, qu’elles l’ont en quelque sorte cherché (par leur comportement ou leur attitude). Certains n’interprètent pas toujours bien les réponses ou signaux donnés par celles·ceux à qui ils font des avances. De plus, ils ont tendance à minimiser leurs actes et à ne pas considérer qu’ils commettent des agressions. Ils ne se rendent quasiment jamais compte de l’impact que peut avoir leur comportement sur leurs victimes, et n’imaginent pas comment elles vont le vivre.
Divers facteurs liés à leur entourage
Ami·e·s, bandes, gangs
Sur tous les plans, l’entourage d’une personne influence ses comportements. Suivant cette logique, une personne qui fréquente des gens violents ou sexuellement agressifs, a plus de risque de reproduire ce type de comportement. De plus, si on est confronté régulièrement à un comportement, et de manière généralisée, on a tendance à ne plus s’en préoccuper, à considérer cela « normal » et donc à agir de la même façon.
Famille et troubles durant l’enfance
Des études démontrent que parmi les garçons qui ont été victimes de violences sexuelles pendant leur enfance, environ 1 sur 5 reproduira sur des enfants les agressions qu’il a subies. Grandir dans un milieu où règne la violence physique implique que les enfants sont souvent privés de soutien affectif, et comprennent moins la notion de consentement, ce qui peut les pousser à adopter des comportements sexuels agressifs.
En résumé, voici un tableau récapitulatif des facteurs de risque associés à la violence sexuelle. On y constate que dans de nombreux cas, les facteurs d’influence sont identiques dans les deux colonnes, mais qu’ils n’impliquent pas les mêmes conséquences selon qu’on soit un homme ou une femme.
Comment lutter contre les violences sexuelles ?
La seule façon de lutter efficacement contre les violences sexuelles est de rappeler que cette question concerne tout le monde.
La sensibilisation de chacun·e est fondamentale. Si les violences sexuelles restent un sujet tabou, c’est parce que nos sociétés l’imposent. Pour lever ce tabou, il faut que tout le monde soit conscient qu’aucune forme de violence sexuelle n’est ni « normale » ni tolérable. Ainsi, il y aura déjà un obstacle de moins sur le chemin des victimes : celui de la peur du jugement, de la culpabilité et de la honte de ce qu’elles ont vécu. Car c’est la honte et la culpabilité qui font que beaucoup d’entre elles n’osent pas parler de ce qu’elles ont vécu…
La formation des professionnel·le·s est aussi un levier primordial pour faire changer les choses. Que ce soit dans le secteur policier et judiciaire (améliorer les lois existantes et leur mise en œuvre) mais aussi dans le secteur de la santé (offrir un accompagnement plus spécifique aux victimes de violences sexuelles, dispenser des soins de santé précis et de qualité, diffuser des informations quant aux services ressources vers lesquels se tourner, etc.).
Il faut aussi insister sur la formation des médias qui participent à la diffusion de nombreux clichés tels que l’image du pédophile prédateur ou des viols au détour d’une ruelle sombre.
Les sous-dossiers
Des ressources pour les professionnel·le·s
Pour aller plus loin sur la thématique des violences sexuelles, découvrez notre fichier ressources comprenant des ouvrages, des brochures, des articles et des sites internet.