Dans son livre « Marre de souffrir pour ma contraception. Manifeste féministe pour une contraception pleinement épanouissante. »[1], Sabrina Debusquat, journaliste indépendante, fait le point sur l’état de la contraception en France. Spoiler alert : c’est pas joli, joli. Mais l’autrice ne s’est pas arrêté à ce triste constat et propose des pistes d’amélioration.

La contraception, une affaire de femmes et synonyme de souffrances ?

Dès l’introduction, la journaliste met en évidence un chiffre accablant : 90% de la charge contraceptive est encore aujourd’hui assumée par les femmes. Sofélia (Sofélia-Soralia) déplore cette situation. C’est pourquoi dans sa campagne Fifty-Fifty, la Fédération promeut le partage de responsabilité en matière de contraception.

Image illustrant l'affiche de la campagne Fifty-fifty

Les femmes ne seraient-elles pas satisfaites d’avoir obtenu le droit à la contraception ?

Si, répond Sabrina Debusquat, ce droit est fondamental ; mais elles revendiquent la possibilité d’exercer ce droit sans avoir à subir de nombreux effets secondaires et sans devoir supporter seules le poids de la charge contraceptive[2]. Parce que les hommes sont tout aussi responsables que les femmes dans l’éventualité d’une grossesse non désirée.

Ainsi, dans le premier chapitre, l’autrice revient en détails sur la charge mentale que représente la contraception (des visites chez la·le gynécologue au coût financier du contraceptif)[3] et sur les effets secondaires de la quasi-totalité des moyens de contraception sur une majorité de femmes (allant de la migraine à une thrombose, en passant par les troubles de la libido).

Ce sont ces raisons qui, parmi d’autres, poussent de plus en plus de femmes à arrêter leur contraception et à se retrouver en « errance contraceptive »[4] ou sans contraception parce qu’elles n’en trouvent pas une qui leur convienne. Par conséquent, le droit à la contraception s’en trouve entravé.

 Quelles solutions pour une contraception pleinement épanouissante ?

Après avoir abordé les nombreux aspects négatifs de la contraception actuelle pour les femmes, la journaliste propose 6 pistes de solution :

  1. Libérer la parole et témoigner pour faire évoluer les mentalités ;
  2. Chiffrer sérieusement les effets secondaires ;
  3. Mettre fin aux menaces à l’encontre du droit à l’avortement ;
  4. Arrêter de stigmatiser la stérilisation volontaire ;
  5. Protéger l’indépendance des médecins et des chercheuses·eurs ;
  6. Dé-mysoginer la gynécologie.

Dans son livre, chaque piste proposée est expliquée en profondeur à l’appui de statistiques.

Les défis futurs

L’autrice conclut son manifeste en abordant les défis futurs de la contraception. Elle pointe sans surprise l’implication des hommes (à travers notamment le développement de contraceptifs masculins). Dans sa campagne sur le partage des responsabilités en matière de contraception, la Soféliasouligne également l’importance de l’implication des hommes qui peuvent, par exemple : intervenir dans le coût de la contraception de leur partenaire, soutenir et respecter l’autre dans ses choix, se renseigner ensemble et en discuter librement, combiner/alterner des contraceptifs pour un partage de responsabilités, réfléchir à la possibilité d’une vasectomie.

Sabrina Debusquat évoque aussi les quelques moyens contraceptifs sans effets secondaires qui existent à l’heure actuelle, même s’ils ne sont pas toujours facilement accessibles[5], ni sans contrainte, et dont l’efficacité en utilisation courante[6] n’est pas optimale. Toutefois, elle encourage à les développer et à travailler à l’élaboration de nouvelles méthodes contraceptives dénuées d’effets secondaires.

Enfin, elle propose d’élargir notre champ de pensée pour parvenir à concevoir la contraception autrement. Plus précisément, elle estime que la contraception est envisagée « contre le corps » et non pas « avec le corps ». En effet, la plupart des moyens contraceptifs existants visent à entraver les processus naturels de l’organisme et impliquent donc une médicalisation (même si les personnes sont en bonne santé). D’après elle, sortir de ce paradigme permettra de découvrir des moyens contraceptifs efficaces qui ne négligent pas le bien-être des utilisatrices·teurs.

« N’est-il pas temps de créer une société réellement bâtie avec les femmes et pas juste en les « incluant » ou en les « tolérant » à condition qu’elles renient ou mettent en sommeil leur biologie ? Peut-on réellement considérer comme « abouti » un monde où tout ce qui touche au corps des femmes – la grossesse, les menstruations, l’allaitement, et le plaisir féminin[7] – se dissimule et s’expédie à toute vitesse dans des cadres normés afin qu’elles puissent vite reprendre la course effrénée qu’est devenue leur vie ? »[8]

Certes, il y encore un long chemin à parcourir en matière de contraception. Mais, grâce à son livre, Sabrina Debusquat nous fait entrevoir un avenir meilleur, plus égalitaire… et elle nous invite à nous mobiliser pour faire de cette utopie, une réalité !

[1] http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Marre_de_souffrir_pour_ma_contraception-561-1-1-0-1.html

[2] La charge contraceptive est la charge mentale liée à la prise d’une contraception. La charge mentale liée à la contraception est brillamment illustrée, parmi d’autres choses,  par la dessinatrice Emma dans sa BD « Les conséquences ». Cette BD en ligne est disponible pour consultation sur cette page : https://emmaclit.com/2018/11/15/les-consequences/

[3] Le tout intelligemment illustré par dessinatrice Joy. Cette illustration est disponible sur cette page : https://jarretelapilule.fr/bd-la-charge-mentale-contraceptive/

[4] Ce sont les mots de l’autrice.  Sabrina Debusquat. « Marre de souffrir pour ma contraception. Manifeste féministe pour une contraception pleinement épanouissante », page 118. Les liens qui libèrent. France, 2019.

[5] Voire pas du tout en Belgique.

[6] Pour évaluer l’efficacité d’un moyen contraceptif, une distinction est faite entre l’utilisation parfaite et l’utilisation courante. La première est l’utilisation de la contraception dans des conditions de laboratoire, sans aucune erreur. La seconde est l’utilisation au quotidien et tient compte de l’erreur humaine. L’utilisation courante comprend plus ou moins de risques d’erreur selon le type de moyen contraceptif utilisé. Une erreur d’utilisation peut, par exemple, être le fait d’oublier de prendre sa pilule.

[7] Pour en savoir plus sur la thématique du plaisir féminin, consultez la campagne de la Sofélia« les dessous du plaisir féminin » : https://www.sofelia.be/nos-campagnes/

[8] Op. Cit. Sabrina Debusquat. « Marre de souffrir pour ma contraception. Manifeste féministe pour une contraception pleinement épanouissante », page 115. Les liens qui libèrent. France, 2019.

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Pour davantage d’informations sur la contraception, consultez notre dossier thématique « Contraception ».

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