Le 9 mars 2021, le dernier rapport bisannuel 2018-2019 [1] de la Commission nationale d’évaluation relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été présenté en Commission santé de la Chambre des représentants.

Que disent les chiffres belges relatifs à l’avortement depuis 2012 ? Le nombre d’IVG a-t-il augmenté ? Qu’en est-il de l’âge moyen auquel l’IVG est demandée ? Dans quels établissements l’avortement est-il le plus pratiqué ? Quelles sont les raisons les plus fréquemment évoquées lors d’une demande d’IVG ? Faisons le point sur l’évolution de ces données de 2012 à 2019.

Depuis 2012… le nombre d’IVG en Belgique est stable

En 2012, on comptait 19.155 IVG pratiquées en Belgique. En 2019, ce chiffre était de 18.027 IVG. D’année en année, le nombre d’avortements reste donc stable. Nous pouvons même constater une légère baisse depuis 2012.  

Depuis 2012… l’âge moyen de l’avortement se situe autour de 28 ans

Bon nombre de citoyen·ne·s ont déjà entendu dire que l’IVG concernait majoritairement les jeunes filles. Il est grand temps de déconstruire ce mythe, véhiculé notamment par les anti-IVG. Cette fausse idée sur l’IVG est d’ailleurs démontée par les chiffres : en 2019, c’était la tranche d’âges des 25-29 ans qui était la plus représentée (environ 25% du nombre total d’IVG en Belgique) tandis qu’en 2012, c’était chez les 20-24 ans que les IVG était les plus pratiquées (environ 25% du nombre total d’IVG en Belgique).

Concernant l’âge moyen de l’IVG, en 2012 il était de 27,56 ans et en 2019 de 28,77 ans. Il y a donc une légère augmentation de l’âge moyen de l’IVG depuis 2012.

Depuis 2012… 4 avortements sur 5 se pratiquent en milieu extrahospitalier

En 2019, plus de 80% des IVG en Belgique étaient pratiquées au sein des structures extrahospitalières, comme, par exemple, les Centres de Planning familial. Ce pourcentage est relativement stable depuis 2012. L’atout majeur de la prise en charge dans les structures extrahospitalières est l’accompagnement pluridisciplinaire de qualité centré sur la personne qui y est proposé (premier rendez-vous, intervention, suivi). L’intervention s’y déroule dans des conditions médicales optimales. Rappelons aussi qu’en centre extrahospitalier, pour les bénéficiaires en ordre de paiement de cotisations à la mutuelle, l’IVG est quasiment gratuite [2].

Depuis 2012… la raison la plus évoquée est celle d’un non souhait d’enfant au moment de la demande d’IVG

« Pas de souhait d’enfant pour le moment » : en 2019, 18% des IVG étaient demandées pour cette raison. En 2012, ce pourcentage était de 19%. De 2012 à 2019, la deuxième raison la plus évoquée par les femmes était celle d’une famille complète. Ensuite, vient la raison que la femme se sent trop jeune. Chaque femme a sa ou ses propres raison·s de demander une IVG et celle·s-ci doivent être respecté·e·s. Il n’y a ni bonne ni mauvaise raison. Soulignons que les professionnel·le·s des Centres de Planning familial sont à l’écoute pour accompagner au mieux les demandes des femmes et ne pas les juger.

Depuis 2012… environ 500 femmes se rendent aux Pays-Bas pour avorter

En Belgique, l’IVG peut être pratiquée jusqu’à 12 semaines de conception. Une fois ce délai dépassé, la situation la plus fréquente est de renvoyer la femme vers les Pays-Bas où l’IVG peut être pratiquée jusqu’à 22 semaines.

En 2012, 611 femmes ont dû se rendre aux Pays-Bas pour avorter. En 2018, elles étaient 444 [3]. Ces renvois ne sont-ils pas hypocrites de la part de la Belgique ? Les autorités politiques doivent urgemment prendre en considération ces données afin d’adopter une législation correspondant davantage aux réalités des femmes et à leur droit à disposer de leur corps [4].

Quelles revendications ?

En parallèle du traitement des chiffres, la Commission nationale d’évaluation relative à l’IVG a pour mission d’émettre des recommandations. Ces dernières sont nombreuses, nous n’en citerons donc ici que quelques-unes [5] :

  • En matière de contraception et de contraception d’urgence

Accroître l’accessibilité à la contraception en ce compris d’urgence et de longue durée ainsi que l’information sur son utilisation, par des campagnes régulières d’informations émanant des services publics à destination du grand public.

  • En matière d’information et de sensibilisation

Promouvoir l’information et les animations EVRAS à l’école, mais aussi via des sites internet de référence (par ex. www.zanzu.be) pour développer chez les jeunes un sens critique, entre autres sur les séries qui banalisent les grossesses d’adolescentes.

  • En matière de formation et de reconnaissance

Organiser un module de formation à l’IVG dans les différentes facultés de médecine.

  • En matière de prise en charge en milieu hospitalier

Prévoir le financement pour un psychologue/assistant social dans les services hospitaliers afin de mener les entretiens psychologiques pré-IVG qui constituent une obligation légale.

  • En matière de public précaire

Permettre, via une simplification administrative, un accès aux soins médicaux d’urgence pour les personnes ne bénéficiant pas de droit de séjour.

  • En matière de remboursement

Assurer le remboursement total par l’INAMI (Institut national d’assurance maladie-invalidité) de tous les contraceptifs et contraceptifs d’urgence, ainsi que l’achat et le placement pour les contraceptifs de longue durée et non plus par les mutuelles [6] afin d’éviter les différences de prise en charge.

[1] « Rapport bisannuel 2018-2019 », Site internet du SPF Santé Publique, https://www.health.belgium.be/fr/sante/prenez-soin-de-vous/debut-et-fin-de-vie/interruption-volontaire-de-grossesse.

[2] Pour plus d’informations au sujet de la pratique de l’IVG au sein des structures extrahospitalières, consultez notre brochure “L’avortement : Mon corps, mon choix, ma liberté” : https://www.sofelia.be/product/brochure-lavortement-mon-corps-mon-choix-ma-liberte/.

[3] Le nombre de femmes s’étant rendues aux Pays-Bas pour avorter en 2019 n’est pas encore disponible.

[4] Pour connaitre les revendications de la Soféliaen matière d’IVG, rendez-vous sur son site internet : www.jeveuxavorter.be.

[5] Retrouvez l’ensemble des recommandations émises par la Commission nationale d’évaluation relative à l’IVG au sein de notre document récapitulatif ou sur le site du SPF Santé Publique : https://www.health.belgium.be/fr/sante/prenez-soin-de-vous/debut-et-fin-de-vie/interruption-volontaire-de-grossesse

[6] A l’heure actuelle, le coût des contraceptifs, de la contraception d’urgence ainsi que l’achat et le placement des contraceptifs de longue durée est pris en charge par l’assurance complémentaire des mutuelles (qui varie en fonction de la mutuelle au sein de laquelle la personne est affiliée). Afin d’éviter ces différences, la prise en charge devrait se faire par l’assurance obligatoire.