Qu’est-ce que la précarité menstruelle ? Comment lutter efficacement contre ? Amélie Pirotte nous présente le projet « Sang souci » qui s’adresse prioritairement aux organisations subsidiées par la Région wallonne qui touchent un large public.

Qu’est-ce qu’on entend par « précarité menstruelle » ?

La précarité menstruelle comprend :

  • Des protections périodiques inaccessibles : leur coût peut être un frein pour de nombreuses personnes.
  • Un manque de toilettes salubres : l’absence d’infrastructures appropriées rend leur utilisation compliquée.
  • Un accès limité aux soins et aux diagnostics : les douleurs liées aux règles sont souvent banalisées ou mal prises en charge.
  • Un manque d’informations claires : il est parfois difficile de connaître les différentes protections existantes et de savoir quand consulter un médecin.

La précarité menstruelle n’est pas seulement un problème de santé ou de pauvreté : c’est une question de dignité et d’égalité des chances. Une personne ne devrait jamais manquer l’école, éviter le travail ou limiter ses interactions sociales à cause de ses règles. En rejoignant l’initiative « Sang souci », vous contribuez à bâtir une société plus juste, où chacun·e peut vivre pleinement sans être pénalisé par une condition biologique naturelle.

Quand a été créé le projet Sang Souci ? A qui s’adresse-t-il ?

Le projet Sang Souci est un plan global de lutte contre la précarité menstruelle sur l’ensemble du territoire wallon.

Les prémices du projet ont débuté en 2021. Au départ, il s’agissait d’initiatives citoyennes traduites par des dons et des récoltes ponctuel·le·s. Ensuite, sur base de ces initiatives citoyennes et d’interpellations d’associations, le projet Sang Souci s’est mis en place petit à petit.

Ainsi, dès 2022, la Région Wallonne a soutenu cette vague solidaire et lancé son projet de lutte contre la précarité menstruelle : le projet Sang Souci. Plus de 2,5 millions de protections périodiques ont été mises à disposition des personnes précarisées dans les provinces de Liège, de Namur et du Hainaut. Le projet s’est ensuite étendu à l’ensemble de la Wallonie en 2024, en ajoutant la province du Luxembourg et celle du Brabant wallon aux provinces déjà partenaires.

Qu’est-ce que le projet « Sang souci » propose pour lutter contre la précarité menstruelle ?

Le projet « Sang Souci » développe plusieurs actions concrètes :

  • La distribution de protections périodiques gratuites, via un réseau d’associations et d’organismes partenaires en Wallonie.
  • L’accès à l’information sur la santé menstruelle, avec des supports clairs expliquant le cycle, les protections disponibles et les signes nécessitant une consultation médicale.

Pourquoi un tel projet ? Autrement dit, quels besoins avez-vous identifié sur le terrain pour développer un tel projet ?

Les récentes études au sujet de la précarité menstruelle sont peu nombreuses, notamment car l’étude des thèmes liés à la santé des femmes n’a malheureusement pris son essor que très récemment. Aussi, la précarité menstruelle ne faisait pas l’objet de préoccupations car le sujet demeurait (et demeure encore) entouré de tabous.

Nous avons donc très peu de recul sur cette thématique mais avec la libération de la parole, la déconstruction des tabous et les prises de positions féministes, de nouvelles voix se font désormais entendre.

Pour l’anecdote : depuis 1950, environ 400 études ont été menées sur les règles…Contre plus de 10.000 sur les dysfonctionnements érectiles !

La précarité menstruelle en quelques chiffres, c’est :

  • Ce projet relève d’un enjeu de santé publique car on dénombre 3 millions de personnes menstruées en Belgique et on estime le nombre femmes vivant sous le seuil de pauvreté dans notre pays à 350.000.
  • En Belgique, le coût moyen des protections périodiques pour une personne menstruée est estimé a à un total de 300,24€ au cours d’environs 38 années de menstruations, ce qui équivaut à 11-12€/mois. Pour des ménages en situation de précarité, ce coût représente une dépense non négligeable.

Avec le projet « Sang souci », on constate :

  • La diversité des profils et des publics vivant dans la précarité : familles monoparentales, étudiantes, personnes sans-abris, demandeurs d’asiles, familles nombreuses, etc. La précarité fait de plus en plus de victimes et possède des milliers de visages.
  • Les besoins de terrains évoluent : avec les nouveaux produits disponibles sur le marché et un public d’autant plus sensibilisé aux causes écologiques qu’il est touché par la précarité de plus en plus jeune, de nouvelles considérations naissent. Notamment la volonté de se tourner vers des produits réutilisables qui, sur le long terme sont plus rentables, écologiques, pratiques, etc.
  • Une demande croissante : non seulement les profils des bénéficiaires se diversifient mais atteignent de plus en plus des sphères qui autrefois savaient prendre en charge leurs besoins en protections périodiques mais qui désormais ne savent plus le faire sans aides matérielles. Les commandes ont explosé dans certains secteurs. Les culottes menstruelles sont également très fortement demandées par les jeunes filles découvrant leurs menstruations ou les personnes sans-abris, qui dans de nombreux cas ne possédaient même pas de sous-vêtements et rencontraient des difficultés à utiliser des serviettes périodiques.

Pouvez-vous décrire le projet Sang Souci et quels sont les défis rencontrés par le projet ?

Nous nous efforçons d’obtenir la gratuité totale des protections sans conditions, et ce sur le long terme. Avec ce projet nous participons à une distribution à grande échelle en Wallonie de produits périodiques externes totalement gratuits. A propos de la gratuité des produits menstruels, l’Ecosse est un exemple à suivre. En effet, depuis août 2022, l’Écosse est la première nation du monde où les protections périodiques – serviettes hygiéniques et tampons – sont disponibles gratuitement. La loi, a été votée à l’unanimité par le Parlement écossais en 2020, elle impose aux collectivités locales et aux institutions éducatives de les rendre librement accessibles, cela comprend  les bibliothèques, les piscines, les gymnases publics, les mairies et autres bâtiments des collectivités, les pharmacies, ainsi que chez les médecins.

L’un de nos défis est celui d’atteindre l’ensemble des secteurs touchés par la précarité menstruelle, notamment les populations qui n’auraient pas encore entendu parler de notre action et ne sauraient pas vers qui se tourner.

Nous voulons d’autant plus participer à un réseautage du tissu associatif pour mener les plus petites associations et les bénéficiaires de tout le territoire wallon à venir se fournir auprès des différents points relais qui participent au projet.

Quelles structures peuvent commander les produits menstruels ?

Nous donnons la priorité aux organisations subsidiées par la Région Wallonne qui toucheraient un large public comme les différents Centres de Planning familial, qui vont à la rencontre de différents publics dont le secteur scolaire qui est largement touché par la problématique, mais aussi les maisons médicales, les centres d’insertion socio-professionnelle, etc.

Nous demandons aux partenaires une véritable implication dans le projet en se faisant le relais des distributions pour les plus petites associations, en informant les bénéficiaires avec les flyers que nous distribuons, en continuant la sensibilisation sur le sujet et en participant à briser les tabous en parlant ouvertement du sujet des menstruations et de la précarité menstruelle dans les différents lieux d’accueil.

Comment passer commande ?

Qu’il s’agisse de nouvelles commandes ou d’une recommande, en tant qu’associations, mouvements solidaires, futurs partenaires nous vous demandons de nous adresser un bon de commande via le site « Sang Souci »  https://lesassociationssolidaris.be/portfolio-items/sang-souci/ ou via l’adresse e-mail : sangsouci.liege@solidaris.be.

Vous pouvez également contacter directement la chargée de projet « Sang souci » par téléphone ou via e-mail : 0476 68 39 66 / Amelie.Pirotte@solidaris.be

Sources

Centre d’Action Laïque du Brabant Wallon. (2019). Précarité menstruelle : Ça coûte combien les règles dans la vie d’une femme ? Calepin. | Url : https://calepin.be/precarite-menstruelle-ca-coute-combien-les-regles-dans-la-vie-dune-femme/

Action sociale Croix-Rouge, Précarité menstruelle : une réalité pour de nombreuses femmes | Url : https://www.croix-rouge.be/2024/05/28/precarite-menstruelle-une-realite-pour-de-nombreuses-femmes/

83 % des jeunes femmes sont inquiètes en classe pendant leurs périodes de règles, et 21 % des adolescentes seraient souvent absentes de l’école lors de cette période. | Url : https://www.plan-international.fr/se-mobiliser/je-relaye-les-campagnes/lutter-contre-la-precarite-menstruelle/

Avis n°84 du CESE Wallonie | url : https://www.cesewallonie.be/sites/default/files/uploads/avis/CWEHF_84_1.pdf

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Pour davantage d’informations sur la santé menstruelle, consultez notre dossier thématique « Santé menstruelle ».

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