A la puberté, la majorité des hommes commencent à éjaculer et deviennent donc responsables de leur fertilité. En Belgique, seules deux méthodes de contraception masculine sont reconnues par les autorité en santé : le préservatif externe (ou préservatif masculin) et la vasectomie. Néanmoins, d’autres méthodes sont à l’essai ou déjà disponibles mais pas encore reconnues. Découvrons-les ensemble !

Les « nouvelles »[1] méthodes de contraception masculine

Les « nouvelles » méthodes de contraception masculine (aussi appelée contraception testiculaire) sont divisées en deux catégories : la contraception masculine thermique et la contraception hormonale[2].

Ces méthodes influent principalement sur la quantité de spermatozoïdes présents dans le sperme et la mobilité de ceux-ci[3].

Les méthodes disponibles mais pas encore reconnues par les autorités de santé

En 2018, selon Pierre Colin, cofondateur d’Ardecom[4], il y avait entre 20 et 50 hommes en France qui utilisaient un contraceptif différent de la vasectomie ou du préservatif[5]. Quelles sont ces alternatives ?

La contraception thermique

Cette méthode a été mise en place il y a une trentaine d’années. Elle est prescrite uniquement au CHU de Toulouse, en France, par le Dr Roger Mieusset[6]. Pour utiliser cette technique, il faut consulter un·e médecin. Le docteur Mieusset est pour le moment le seul à fournir les sous-vêtements et à proposer un suivi[7].

Le principe est d’utiliser la chaleur du corps pour augmenter légèrement la température des testicules[8].

Cela peut se faire via différents moyens : le slip chauffant, le jockstrap (sous-vêtement masculin), ou l’anneau[9]. Pour que la méthode thermique soit efficace, il faut porter le moyen contraceptif choisi (slip, jockstrap ou anneau) 15 heures par jour (24 heures)[10].

Lorsque la méthode thermique est pratiquée correctement, le nombre de spermatozoïdes produits dans les testicules diminue fortement. C’est seulement après environ 3 mois d’utilisation de la méthode que le nombre de spermatozoïdes a suffisamment diminué pour que la méthode soit efficace[11]. Le peu de spermatozoïdes restant sont généralement peu mobiles et ne peuvent donc pas féconder l’ovule.

Pour s’assurer de l’efficacité de la méthode et éventuellement stopper les autres méthodes contraceptives, il faut faire un spermogramme. Le spermogramme est un examen du sperme qui permet notamment de quantifier le nombre de spermatozoïdes et d’observer leur mobilité.

Cette méthode de contraception est réversible: lorsque l’utilisateur décide de l’arrêter, la production de spermatozoïdes va progressivement reprendre normalement et il pourra à nouveau procréer.

La réversibilité et l’efficacité n’ont actuellement pas encore été testées au-delà de 4 ans d’utilisation. Il n’est donc pas recommandé d’utiliser la méthode au-delà de cette période.

L’avantage principal de cette méthode est qu’elle ne modifie ni la libido, ni le système hormonal. La qualité des érections et la quantité de sperme ne sont pas non plus altérées.

La contraception hormonale

Cette méthode consiste à injecter en intramusculaire (c’est-à-dire dans un muscle) de l’énanthate de testostérone une fois par semaine[12]. L’utilisateur peut effectuer l’injection lui-même mais il doit préalablement consulter un·e médecin[13]. Les deux seul·e·s médecins qui prescrivent ces méthodes sont le Dr. Jean-Claude Soufir et le Dr. Alain Mieusset qui exercent en France[14].

Par précaution, comme des études à long terme à propos de la contraception intramusculaire n’ont pas été menées, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) limite l’emploi de cette méthode à une période de 18 mois. Cependant, rien n’indique qu’utiliser cette méthode plus longtemps comporterait des risques[15].

Il faut attendre 3 mois après la première injection pour que celle-ci soit efficace[16]. Pour vérifier l’efficacité de la méthode, il faut aussi réaliser un spermogramme.

Cette technique produit quelques effets secondaires (comparables aux effets des méthodes contraceptives hormonales utilisées par les femmes) chez certains hommes[17] comme de l’acné, une augmentation de la libido, de l’hypertension ou une prise de poids.

Martin Winckler[18], médecin à la retraite et spécialiste de la contraception, émet des doutes sur cette technique. Il pointe que les articles scientifiques n’abordent pas la toxicité à long terme de cette méthode et estime que ce n’est pas anodin de suivre des protocoles hormonaux pendant de nombreuses années[19]. Ainsi, il recommande de faire des études à long terme sur l’utilisation de la méthode pour évaluer l’effet sur les utilisateurs mais aussi sur leur·s partenaire·s.

Les méthodes en cours d’expérimentation

Comme l’explique le Dr. Murillo[20], la pilule contraceptive pour hommes est en cours d’essais cliniques (plusieurs associations d’hormones ont déjà été testées) depuis de nombreuses années, mais elle n’a toujours pas été commercialisée. En effet, pour cela, il faudrait faire des études de phase 3 qui sont plus couteuses. Or, l’industrie pharmaceutique ne semble pas intéressée d’investir dans ces recherches.

Les méthodes déférentielles :

Le principe est de bloquer la progression des spermatozoïdes au niveau des canaux déférents et/ou de modifier leur capacité à féconder un ovule[21].

En Inde, le Risug est en développement. Aux Etats-Unis et au Canada, il s’agit du Vasalgel.

Il semblerait que le Risug soit très efficace mais sa réversibilité n’a pas encore été prouvée chez l’être humain. Le Vasalgel, quant à lui, serait facilement réversible. Cependant, il ne serait pas disponible avant plusieurs années car peu d’études ont été réalisées à propos de ses effets sur l’être humain à l’heure actuelle, par manque d’intérêt de l’industrie pharmaceutique.

Conclusions

Peu d’alternatives à la vasectomie et aux préservatifs externes (ou préservatifs masculins) sont actuellement disponibles en Belgique. Or, il est fondamental que les hommes puissent devenir responsables de leur fertilité et qu’ils participent à la charge contraceptive[22]. Cela permettrait de tendre vers plus d’égalité entre les femmes et les hommes en matière de contraception.

Selon le Dr. Soufir[23], il faudra une mobilisation massive pour inviter le monde médical à s’intéresser plus en profondeur à la contraception masculine, comme ce fut le cas pour la contraception féminine.

Il s’agit également d’encourager le monde politique à prendre ses responsabilités pour concrétiser l’égalité femmes-hommes en matière de contraception, notamment en soutenant la recherche dans le domaine de la contraception masculine.

En attendant que de nouvelles méthodes soient disponibles en Belgique, vous pouvez consulter cet article pour découvrir comment les hommes peuvent s’impliquer dans la contraception : https://www.sofelia.be/contraception-les-hommes-aussi-sont-concernes/

Si vous avez des questions concernant la contraception, consultez nos Centres de Planning familial.

[1] « Nouvelles » entre guillemets car cela fait de nombreuses années qu’elles sont testées mais elles n’ont toujours pas été validées, comme le signale le Dr. Murillo. Échange avec Dr. Murillo, gynécologue et andrologue, 23 juin 2020.

[2] Ardecom, contraception masculine, « Les méthodes > Introduction », http://www.contraceptionmasculine.fr/les-methodes/ (Consulté le 7 mai 2020).

[3] Boulocho, « Principe », http://boulocho.free.fr/?page_id=31 (Consulté le 7 mai 2020).

[4] Association pour la recherche et le développement de la contraception masculine fondée dans les années 70.

[5] CHERRID Margot, « Slip chauffant et injections: où en est la contraception masculine en France? », Cheek Magazine, 9 mai 2018, http://cheekmagazine.fr/societe/contraception-masculine-slip-chauffant-injection-testosterone/ (Consulté le 7 mai 2020).

[6] Ardecom, contraception masculine, « Accueil > La contraception masculine, ça existe! », http://www.contraceptionmasculine.fr (Consulté le 7 mai 2020).

[7] Ardecom, contraception masculine, « Méthode thermique », http://www.contraceptionmasculine.fr/la-methode-thermique/ (Consulté le 7 mai 2020).

[8] Ibid.

[9] Pour voir comment cela fonctionne (ATTENTION : les vidéos de démonstration illustrent les méthodes sur un homme et donc montrent un véritable sexe masculin), consultez cette page : http://www.contraceptionmasculine.fr/la-methode-thermique-en-videos/ (Consulté le 7 mai 2020).

[10] Ibid.

[11] Ardecom, contraception masculine, « Méthode thermique », op. cit.

[12] CHERRID Margot, « Slip chauffant et injections: où en est la contraception masculine en France? », op. cit.

[13] Le Dr. Murillo explique que peu de médecins osent prescrire cette hormone à des fins contraceptives parce qu’elle est initialement prévue pour d’autres indications médicales. Ainsi, en cas d’accident, le médecin est responsable. La méthode est donc en théorie disponible également en Belgique, sous réserve de trouver un·e médecin qui accepte de prescrire cette hormone à des fins contraceptives. Échange avec Dr. Murillo, gynécologue et andrologue, 23 juin 2020.

[14] Ibid.

[15] Ardecom, contraception masculine, « Méthode hormonale », http://www.contraceptionmasculine.fr/la-methode-hormonale/ (Consulté le 7 mai 2020).

[16] Ibid.

[17] Ibid.

[18] CHERRID Margot, « Slip chauffant et injections : où en est la contraception masculine en France? », op. cit.

[19] Ce que la plupart des femmes font, par ailleurs.

[20] Échange avec Dr. Murillo, gynécologue et andrologue, 23 juin 2020.

[21] MURILLO Daniel, « Présentation générale des différents moyens de contraception », dans O’YES, FEDERATION DES CENTRES PLURALISTES DE PLANNING FAMILIAL, LOVE HEALTH CENTER, FEMMESPROD, Focus sur les couilles, 4 février 2020.

[22] Les différentes méthodes contraceptives peuvent être complémentaires et ne doivent pas forcément s’exclure.

[23] CHERRID Margot, « Slip chauffant et injections: où en est la contraception masculine en France? », op. cit.

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Pour davantage d’informations sur la contraception, consultez notre dossier thématique « Contraception ».

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