Réaction à l’article « Richard Miller : “Les femmes prévoyantes n’ont rien fait pendant 20 ans”» mis en ligne sur Le Soir Plus le 05/07/2018.

Monsieur Miller,

C’est avec stupeur que nous avons découvert les propos que vous avez tenu à notre égard dans une interview du journal Le Soir. Vous prononcez devant un journaliste la phrase suivante : « … les femmes prévoyantes socialistes Karine Lalieux et Laurette Onkelinx qui pendant trois décennies n’ont rien fait pour faire avancer la cause. Elles n’ont pas pensé aux femmes ».

Avant de nous attarder sur l’énormité de vos propos, une précision importante : les femmes du parti socialiste ne sont pas à confondre avec le mouvement d’éducation permanente des Femmes Prévoyantes Socialistes. Vous osez sans ciller affirmer que notre mouvement, historiquement structure de solidarité créée par des femmes, pour des femmes qui a développé un réseau étendu de Centres de Planning familial dont neuf pratiquent l’avortement « N’ONT PAS PENSÉ AUX FEMMES » ?

Depuis 1922, notre mouvement fait de la lutte pour les droits des femmes sa raison d’être. Très vite, la défense de la liberté des femmes à disposer de leur corps est devenue l’un de nos principaux chevaux de bataille. C’est en 1965 que notre premier Centre de Planning familial ouvre ses portes à Bruxelles. Dès le début de l’affaire Peers, nous étions dans la rue pour manifester pour la légalisation de l’avortement y compris lors de la manifestation nationale de 1982. En 1984, nous créons notre Fédération de Centres de Planning familial qui pilote l’implantation d’un Centre extrahospitalier Soralia par province. Qui plus est, depuis 2007, notre Fédération de Centres de Planning familial est reconnue dans le cadre de l’éducation permanente où elle a développé des actions d’information et de sensibilisation, notamment en matière d’IVG.

Pour vous, est-ce « ne rien faire pour faire avancer la cause » que de réaliser, entre autres, un site internet thématique (www.jeveuxavorter.be), des interpellations politiques et des communiqués de presse ou encore prendre part à des plateformes militant pour l’accès à l’IVG ? Vous qualifiez cette nouvelle proposition de « révolutionnaire, décisive, historique » alors que des propositions bien plus progressistes sont sur la table depuis des années. Comment osez vous sous-entendre que c’est la majorité actuelle qui se présente comme sauveuse et défenseuse de la cause des femmes ? Il ne s’agit en réalité que d’une mascarade politicienne dont la finalité n’est pas d’améliorer la oi sur l’avortement mais de faire « copains-copains » avec vos camarades de la majorité sur la question du statut du foetus. Nous nous sentons donc doublement attaquées par vos propos : d’une part, parce que vous essayez de nous convaincre que cette proposition de loi répond aux besoins des femmes, de l’autre parce que vous discréditez publiquement notre mouvement qui œuvre sur le terrain depuis des décennies en niant son travail.

Les Femmes Prévoyantes Socialistes et la Fédération des Centres de Planning familial des Femmes Prévoyantes Socialistes.