Le genre est une notion de plus en plus mobilisée, que ce soit par les actrices et acteurs du monde associatif, dans la presse ou encore au travers des politiques publiques. Toutefois, cette notion peut paraître complexe et abstraite. Pas de panique ! Cet article vous propose des repères pour mieux l’appréhender.

Le genre est un concept, et non une théorie.

Cette première information est fondamentale. Beaucoup de mouvements conservateurs à travers le monde tentent de décrédibiliser le genre en postulant qu’il s’agit d’une théorie. Ce n’est pas le cas ! Comme le dit le sociologue français, Éric Fassin, « le genre est un concept. Ce n’est pas une théorie ni une idéologie mais un outil qui aide à penser. » [1] En d’autres mots, c’est une grille de lecture et d’analyse qui nous permet d’appréhender notre société et la manière dont elle est construite. D’ailleurs, de plus en plus d’études sont réalisées sous l’angle du genre et des masters universitaires à propos de cette thématique se développent !

Le genre est une construction sociale.

Le genre, au-delà d’être un concept, est aussi une composante de l’identité de chaque individu. Dans notre société, notre genre va nous être imposé à la naissance en fonction de notre sexe biologique [2]. Par exemple, une femelle (sexe) sera considérée comme une fille-femme (genre). Sur base de ces assignations, notre société se veut majoritairement [3] binaire (femelle/mâle, fille-femme/garçon-homme). Le genre n’est donc pas une donnée naturelle ! Et pourtant, sur base de celui-ci, un rôle social va nous être attribué, se traduisant par une série d’injonctions prescrivant des comportements à suivre pour pouvoir être intégré-e au sein de la société.

Le genre engendre des stéréotypes au sein de notre société.

Cette construction a dès lors donné naissance à de nombreux stéréotypes, souvent appelés des stéréotypes de genre, mais qui se fondent en réalité sur la perception faite par autrui qui, souvent, associe de fait genre et sexe (j’identifie cette personne comme étant une femelle/femme donc je lui attribue des stéréotypes sur base de cette identification). Ils ont une dimension descriptive (ex : « une femme, c’est… ») et une dimension prescriptive (ils indiquent comment se comporter et induisent des comportements, conscients ou inconscients). Ceux-ci déterminent ce qui est attendu du féminin et du masculin, dans une société donnée, à une époque donnée (par exemple, aux Etats-Unis, le football est un sport destiné aux femmes). Cela démontre bien qu’il s’agit de constructions qui n’ont rien d’immuable et que le genre ne détermine en rien l’ensemble de ces injonctions. Ces stéréotypes pèsent donc sur les individus dès leur naissance (et parfois même avant !) et personne n’y échappe. L’enjeu est d’en prendre conscience et de les questionner.

Les identités et les expressions de genre sont en réalité multiples.

L’identité de genre est le genre auquel une personne s’identifie. La majorité des personnes s’identifient relativement au genre qui leur a été assigné à la naissance (par exemple : une personne assignée femme à la naissance qui se définit en tant que femme). Ces personnes sont dites cisgenres. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde ! Certaines personnes ne s’identifient pas et/ou questionnent le genre qui leur a été assigné à la naissance. Ces personnes sont alors dites transgenres [4]. Et, contrairement à l’idée reçue, toutes les personnes transgenres ne souhaitent pas forcément « changer de sexe » [5] ! Notons aussi que les identités de genre outrepassent largement le modèle binaire. Certaines personnes se définissent d’ailleurs comme bigenres, de genre fluide, non binaire, ou encore agenres (c’est-à-dire comme ne s’identifiant à aucun genre). Chaque personne est donc libre de se définir comme elle le souhaite et tout ça peut évoluer à tout instant !

Quant à l’expression de genre, celle-ci renvoie aux différentes façons dont une personne se présente au monde (choix vestimentaire, langage, attitudes,…) en adéquation (ou non) avec son identité de genre. Cette expression de genre peut être qualifiée de féminine, androgyne, masculine, non binaire,… Certaines personnes adoptent également une expression de genre temporaire ou occasionnelle qui ne correspond pas à leur identité de genre (ex : les drag/king queens).

Le genre n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle.

Et oui ! En parlant de sexe biologique, nous nous référons à des attributs biologiques. Le genre, quant à lui, relève de l’identité. L’orientation sexuelle concerne le domaine de la sexualité. Elle est en lien avec l’attirance physique et/ou affective ressentie pour un sexe et/ou une personne. Trois champs différents, donc, même si ceux-ci semblent souvent s’entremêler ! Par exemple, une personne transgenre peut se définir comme étant hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, asexuelle,… Les orientations sexuelles sont elles aussi multiples !

Il y aurait encore tant de choses à dire sur le genre… mais, si vous maîtrisez déjà ces 5 aspects, vous disposez des informations fondamentales !

Si vous souhaitez approfondir le sujet, n’hésitez pas à consulter le site de Genres Pluriels.

Bibliographie :

[1] FASSIN, Éric, dans Le Monde, « Masculin-féminin : cinq idées reçues sur les études de genre », 2013.

[2] Le sexe biologique renvoie à une série de caractéristiques biologiques (ex : génétiques comme les chromosomes, physiques comme l’appareil génital,…) « utilisés pour scinder certaines espèces animales, dont les êtres humains, en deux catégories : les femelles et les mâles » (https://www.genrespluriels.be/IMG/pdf/brochure_oct2018_web.pdf).

[3] Cette binarité (femelle/mâle) ne peut s’appliquer à l’ensemble de la population puisque les personnes dites intersexuées sont nées « avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux définitions traditionnelles du sexe féminin ou du sexe masculin » (https://www.unfe.org/fr/intersex-awareness/).

[4] Le terme « transsexuel-le » est à proscrire en raison de son côté psychiatrisant mais aussi de la confusion qu’il occasionne avec le sexe, les préférences sexuelles et l’identité de genre.

[5] « Notons que changer de sexe est en réalité impossible car le sexe d’une personne est déterminé par de nombreuses caractéristiques biologiques et non pas uniquement par l’apparence des organes génitaux. » (https://www.genrespluriels.be/IMG/pdf/brochure_oct2018_web.pdf)

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Pour davantage d’informations sur l’interruption volontaire de grossesse, consultez notre dossier thématique « Avortement ».

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